Les mots de la compagne d’un pédophile abstinent

Nous publions ici le touchant témoignage d’une des milliers de compagnes de pédophiles qui nous contactent pour mieux comprendre leurs compagnons et les aider à gérer leurs troubles. Dans un monde qui se gave toujours plus de cynisme et indifférence, il devient essentiel de se souvenir que l’amour existe et qu’il peut triompher sur les pires difficultés.

 

Bonjour Latifa,

Merci pour votre accueil téléphonique de la semaine dernière et pour votre engagement. Je vous avais appelée afin de trouver le meilleur positionnement possible afin d’accompagner au mieux mon compagnon en souffrance du fait de ses affects pédophiles.

En parcourant votre site et aussi au gré de mes recherches et réflexions sur le sujet, il m’a paru de plus en plus évident que je devais soutenir votre action à mon niveau : celui d’un membre de l’entourage proche d’une personne pédophile.

Je vais donc témoigner, de façon anonyme dans un premier temps, car mon compagnon n’est pas prêt à effectuer ce qu’on pourrait appeler son coming-out.

Comment le pourrait-il, dans une société qui n’accepte ni sexualités ni déviances, ni maladie psychique? Dans cet environnement bien pensant, normatif, homophobe, misogyne, psychophobe (et je pèse mes mots) où il n’y a pas de place pour le hors-norme?

Et pourtant mon compagnon l’est, hors-norme. Et pas que du fait de ses attirances. Il l’est par son intelligence hors du commun, sa sensibilité, son ouverture d’esprit.

Sa sexualité est ce qu’elle est, parce qu’elle lui échappe.

Avez-vous choisi messieurs dames, votre hétérosexualité? Savez-vous que l’homosexualité est sortie du DSM [le registre des maladies mentales ndr] et n’est donc plus considérée comme une pathologie?

Je sais que la pédophilie et les paraphilies en général y sont décrites en revanche. Mais qu’est ce qui rend malade mon compagnon? Sa sexualité ou le fait de ne pas pouvoir la vivre?

Car c’est de cette impossibilité de ne pouvoir vivre cette facette de sa sexualité que découle le mal être. D’une part du fait de l’immense frustration sexuelle et affective que l’abstinence engendre, d’autre part de la sensation de ne pas pouvoir être soi.

Vous avez bien lu : abstinence. A vie. Parce que mon compagnon est pédophile pas pédosexuel. Cela signifie qu’il s’interdit le passage à l’acte. Il sait, avec toutes ses qualités citées plus haut, qu’un enfant n’est pas câblé pour avoir des relations sexuelles avec un adulte, et à quel point cela est destructeur pour lui.

De son propre aveux, il préférerait s’ouvrir les veines que de passer à l’acte.

Souvent le pédophile aime les enfants, je sais, cela vous hérisse. Et parce qu’il les aime, les détruire le détruit aussi.

Renseignez-vous. Au plus vous le serez, au moins vous aurez de préjugés. Vous serez alors plus apte à protéger et sensibiliser vos enfants.
Avec moins de préjugés, vous permettez à des pédophiles d’exister, sans se marginaliser, s’isoler. Exister c’est être considéré, comme un humain avec ses forces et ses faiblesses. C’est partager, et c’est trouver les ressources pour se faire aider.

Mon compagnon n’est pas qu’un pédophile. Ça, c’est une partie de sa sexualité et plus largement de sa vie affective (oui il a des sentiments aussi et surtout…). Il n’est pas pédosexuel. Il n’est pas un pervers psychopathe.

Pourquoi existe-il un numéro vert pour l’enfance maltraitée et pas pour les souffrants sexuels hormis l’action et l’écoute de Latifa BENNARI? Il n’y a ni prévention ni accompagnement en France. On prévient seulement la récidive.

On attend la chute, alors, d’un adulte en souffrance et parfois de sa victime. A conspuer le pervers présumé on en crée un système encore plus pervers…

On réagit maintenant ou on attend d’autres suicides et d’autres viols?

Merci de votre attention.

Une compagne d’un pédophile abstinent