« Humour » pédophile sur Facebook
Vendredi 22 janvier 2010
Les réseaux sociaux apportent un semblant d’avantage pour beaucoup d’inconvénients. Hormis les débats récents sur une confidentialité difficile à respecter ou faire respecter en raison surtout de l’usage qui en est fait, donc volontaire même si inconsciente, de nombreux groupes s’y seraient développés dernièrement qui, sous couvert d’humour noir, se targuent de vanter les « mérites » de la pédophilie, notamment sur le réseau Facebook.
Quelques médias ont relayé cette information(*) sans susciter toutefois plus de réaction, mais la guerre continue au coeur de ces espaces virtuels. Un certain nombre de groupes se sont constitués pour combattre les auteurs de ces positions outrageantes et les messages affluent en direction de leurs auteurs. Premiers visés par les propos indécents de ces individus : les enfants s’ils consultent leur page au hasard de leurs recherches et les victimes pour lesquelles ce rappel constitue une véritable violence. Et, au final, la société doublement atteinte tant par le sujet en lui-même que des risques d’instrumentalisation qu’il peut susciter.
Mais qui sont les responsables ?
Comme il est coutume sur internet, l’apparente confidentialité du monde virtuel pousse certains à transcender les barrières morales. Que propose Facebook pour préserver la liberté d’expression qui, comme tout droit, se doit d’être encadré pour ne pas perdre son sens initial ? Visiblement, pas grand chose de vraiment contraignant, si ce ne sont les quelques messages de mise en garde lors de l’inscription. Cette insuffisance nous pousserait presque à croire que ce réseau fut conçu pour discréditer ce droit fondamental… en laissant les barrières se franchir allègrement. Ses gestionnaires ne sont-ils pas autant condamnables que les auteurs de cet humour de mauvais goût (voir un précédent aux USA en 2007 :
http://techno.branchez-vous.com/actualite/2007/09/le_procureur_general_de_letat.html) ?
Où se place la limite entre liberté d’expression et l’outrage constitué ?
La liberté d’expression fut inscrite dans les droits fondamentaux pour permettre à tout individu de défendre sa position, exprimer ses désaccords, affirmer son identité culturelle, religieuse et politique. Aucune démocratie ne peux fonctionner sans l’exercice de ce droit.
Mais il ne faut pas confondre l’expression d’une position personnelle face au pouvoir institué et le déballage inconsistant d’un « humour » plus que limite. Il s’agit d’un détournement de ce droit, par ailleurs inscrit dans le code pénal parmi les délits encadrant les incitations à la violence (http://blog-droit.over-blog.com/article-2920429.html)
S’il y a à craindre deux choses en conséquence de cet acte, ce ne sont pas tant l’existence de ces individus en tant que tel sur Facebook ou ailleurs que leur encadrement, l’impact psychologique de leurs discours sur les victimes et enfin la préservation de nos droits. Car il est à craindre au-delà de l’évènement en lui-même que le fait que cela ait pu être publié et diffusé sans garde-fou risque de donner des arguments supplémentaires aux tentatives actuelles de contrôle de l’information citoyenne. Internet est particulièrement visé par ces tentatives et des précédents montrent que le danger est réel (Hadopi, LOPPSI,…), entre autres sous couvert de protection de l’enfance.
Précision en guise de rappel :
Concernant le rapport entre les enfants et ces réseaux sociaux, il est à noter qu’un certain nombre de personnes s’indignent du fait que leurs enfants pourraient consulter la page d’un tel groupe. Cela est un risque en effet. Mais il est à rappeler ici que premièrement, la consultation d’un enfant sur internet doit être encadré par des adultes responsables et deuxièmement que la place d’un enfant n’est pas derrière un écran (et certainement moins encore devant Facebook) mais dans un milieu socialisant où il peux s’adonner à des activités propices à son épanouissement. Certaines activités encadrées autour d’internet peuvent certes enrichir leur éducation, mais il ne doit pas devenir un réflexe au même titre que la télévision l’est devenue.
Il faut reconnaître, suivant les contextes, qu’il n’est pas toujours aisé pour les parents de veiller 24h/24h dans ce rapport entre enfant et internet, mais quelques gestes simples peuvent prévenir bien des déconvenues. Déjà, lorsque vous possédez un logiciel de contrôle parental, ne confiez pas le code à votre enfant, même s’il insiste (déjà vu et plus fréquemment qu’on ne le pense), si vous n’en possédez pas, installez-en un (**). Enfin, dans le cas où un tel contenu est relevé, le mieux est de bloquer cet accès à l’enfant et de dialoguer avec lui. Le dialogue est le meilleur moyen de le prévenir ou le soulager. Pour faire un signalement, informez à la fois les équipes de modération interne au site (s’il y a) et contactez les autorités via ces deux liens ci-dessous :
Point de contact
Signalement Internet
Articles en référence :
(*) Pédophilie : le groupe Facebook de la polémique (LCI/TF1)
(*) Pédophilie : un groupe créé le scandale sur Facebook (Le Parisien)
(*) Facebook : ce groupe qui incite à la pédophilie et déchaîne le web (Le Post)
(*) Polémique autour d’un groupe Facebook sur le pédophilie (Le Nouvel Observateur)
(*) Alerte à la pédophilie sur Facebook (Le Figaro)
Contrôle parental :
(**) Logiciels gratuits de contrôle parental
(**) Comment installer un contrôle parental
(**) Le portail du contrôle parental
Les réseaux sociaux et la confidentialité (Petit rappel)
A lire : « Une société de surveillance ? L’état des droits de l’homme en France 2009«