Cri d’alarme de Latifa Bennari, présidente de l’association L’Ange Bleu

Voici un message de détresse qui illustre la réalité des lacunes dont témoignent les professionnels notamment dans d’autres pays et dont je fais le constat au quotidien. Je partage avec vous cet exemple pour que vous ayez une idée sur la complexité et les urgences que j’ai à gérer au cas par cas.
Le danger de cet appel est écarté dans la mesure où je le prends en charge, mais combien de temps vais-je résister? Ce jeune homme nécessite la participation à un groupe de parole et n’a pas du tout les moyens pour se déplacer. Que faire mesdames et messieurs les politiques derrière vos fauteuils et vos discours?

 

Madame BENNARI

Je suis suivi depuis 15 ans en psychiatrie pour des raisons périphériques à un mal qu’on ne pourra jamais soigner. Je suis héphèbophile mais je ne suis jamais passé à l’acte…ma solution étant de rester cloîtré chez moi, cloué dans mon lit sans pouvoir dormir. Alors je vais dans des centres de jour ou des centres de réinsertion socio – professionnelle, je me retrouve avec un numéro de personne handicapée, etc… tout ça pour des raisons qui tournent autour du véritable problème: ceux qui m’attirent sont souvent trop jeunes, ce ne sera jamais réciproque et ce serait criminel de ma part de passer à l’acte même avec leur consentement (notion que je n’arrive pas à comprendre)…j’ai une addiction: je me « soulage » en pensant sans cesse à ceux que j’ai aimés dans mon adolescence sans jamais leur avouer. A 38 ans, encore vierge, me voilà comme un pré-adolescent obsédé par une première fois qui n’arrivera jamais.  J’ai récemment demandé de l’aide à l’UPPL de Tournai qui me redirige vers un de leur sexologue en entretiens privés… ils pensent que je ne suis pas un danger pour les jeunes…mais c’est au prix de m’emprisonner moi-même! Je souffre à mort de solitude, d’idéalisations à travers des fantasmes, etc… et la privation de libido que j’ai connue temporairement par effets secondaires de médicaments m’a rendue encore plus mal… Je pense au suicide depuis que j’ai 15 ans… j’ai essayé à 22 ans mais avec tellement de peur! Je ne veux pas voir la mort arriver. M’endormir et ne plus me réveiller: voilà la solution. C’est possible en Belgique. C’est pourquoi je voudrais savoir s’il était possible pour vous de me soutenir dans une démarche d’euthanasie pour le bien de tous.

Merci d’avance pour votre réponse.
Cordialement.